Le fisc ne permet pas la déduction de tous les frais engagés avant la vente d’un bien immobilier. Certains travaux, pourtant coûteux, sont systématiquement exclus, tandis que d’autres, parfois inattendus, donnent lieu à un allègement de la plus-value imposable.
L’administration fiscale distingue rigoureusement entre dépenses d’amélioration, d’entretien et de construction, chacune répondant à des critères précis. Des justificatifs stricts et des règles spécifiques encadrent ces déductions, dont l’application peut avoir un impact significatif sur le montant final de l’impôt dû lors de la cession.
Les frais déductibles sur la plus-value immobilière : de quoi parle-t-on exactement ?
Derrière le terme de plus-value immobilière, se cache une mécanique fiscale qui pèse lourd : 19 % au titre de l’impôt sur le revenu, auxquels s’ajoutent 17,2 % de prélèvements sociaux. Concrètement, la plus-value correspond à l’écart entre le prix de vente et le prix d’acquisition d’un bien. Pourtant, le calcul ne se résume pas à une simple différence. Divers frais entrent en ligne de compte, capables de gonfler la valeur d’achat ou de réduire la somme à déclarer lors de la cession.
La réglementation catégorise avec soin les frais déductibles de la plus-value. Première catégorie : les frais liés à l’acquisition, comme les frais de notaire, droits d’enregistrement, ou commissions d’agence immobilière. Ces montants peuvent être pris en compte pour leur montant exact (si vous disposez des justificatifs), ou, à défaut, via un forfait fixé à 7,5 % du prix d’achat. Deuxième catégorie : les dépenses de travaux d’amélioration, de construction, de reconstruction ou d’agrandissement, à condition qu’ils soient réalisés par une entreprise et appuyés par des factures. Si le bien appartient au vendeur depuis plus de cinq ans, il est possible d’opter pour un forfait de 15 % du prix d’achat, sans fournir de justificatifs.
D’autres frais, cette fois liés à la vente, peuvent venir diminuer le prix de cession : diagnostics obligatoires, frais d’agence supportés par le vendeur, indemnité d’éviction. Sous certaines conditions, les frais de voirie, de réseaux ou d’honoraires d’architecte sont aussi pris en compte.
Il existe aussi des situations où la plus-value s’efface entièrement. La vente d’une résidence principale, une cession inférieure à 15 000 euros, ou encore une détention du bien d’au moins 22 ans (pour l’impôt sur le revenu) ou 30 ans (pour les prélèvements sociaux) ouvrent droit à une exonération. Les transmissions par donation ou succession, quant à elles, modifient la valeur retenue pour le calcul de la plus-value.
Voici les principaux mécanismes à retenir pour comprendre comment se construit la base imposable :
- Prix d’acquisition : il est augmenté des frais d’acquisition et des travaux déductibles retenus
- Prix de vente : il peut être diminué des frais directement liés à la cession
- Plus-value imposable : elle est soumise à impôt et prélèvements sociaux, sauf cas d’exonération
Quels travaux et dépenses sont réellement pris en compte par l’administration fiscale ?
Sur le terrain, la sélection des travaux déductibles pour la plus-value immobilière s’appuie sur des critères précis. L’administration fiscale retient uniquement les dépenses qui augmentent la valeur du bien, excluant les travaux d’entretien courant. Seuls entrent en ligne de compte les travaux de construction, de reconstruction, d’agrandissement ou d’amélioration, à condition qu’ils soient réalisés par une entreprise et justifiés par des factures. Installer une chaudière performante à la place d’un ancien modèle, créer une extension ou transformer un grenier en pièce habitable : voilà des exemples qui cochent toutes les cases.
Lorsque le bien est détenu depuis plus de cinq ans, le forfait de 15 % prend tout son intérêt. Il permet d’augmenter le prix d’acquisition sans fournir de justificatif, à hauteur de 15 % du prix d’achat. Une option souvent retenue par les propriétaires au long cours.
D’autres frais peuvent être admis, à condition qu’ils soient étroitement liés à la valeur ou à la vente du bien : frais de voirie, réseaux et distribution, honoraires d’architecte pour une extension, frais de diagnostics obligatoires lors de la cession. Les frais d’acquisition (notaire, droits d’enregistrement, agence immobilière) s’ajoutent aussi au prix d’achat, sur justificatif ou via le forfait de 7,5 %.
Pour clarifier les critères d’admission ou d’exclusion, voici ce qu’il faut retenir :
- Les travaux d’entretien ou de réparation sont systématiquement écartés.
- Les travaux déjà utilisés pour diminuer l’impôt sur le revenu ne peuvent être déduits à nouveau.
- Les frais d’agence immobilière sont rattachés au prix d’acquisition si payés par l’acheteur, au prix de vente s’ils sont à la charge du vendeur.
Chaque dépense doit donc répondre à ce principe : être justifiée, réellement supportée, et non déjà utilisée dans un autre cadre fiscal, à moins qu’un forfait n’ait été choisi.
Zoom sur les justificatifs et démarches pour déclarer ses frais déductibles
Face à l’administration fiscale, la rigueur documentaire n’est pas une option. Toute déduction opérée sur la plus-value immobilière doit être étayée par des justificatifs solides. Les factures originales restent la référence. Pour chaque dépense engagée, il faut pouvoir présenter les preuves : factures d’artisans, contrats d’architecte, attestations de paiement. Les travaux réalisés par une entreprise imposent des documents précis, détaillant la nature des aménagements et leur date de réalisation. Les frais d’acquisition (notaire, droits d’enregistrement, agence immobilière) doivent également être justifiés, sauf si le forfait de 7,5 % a été retenu.
Le notaire est le chef d’orchestre de cette vérification. Lors de la rédaction de l’acte de vente, il centralise et contrôle l’ensemble des justificatifs, calcule la plus-value brute et s’assure que chaque frais retenu respecte les règles. C’est lui qui transmet à l’administration fiscale toutes les informations relatives au calcul de la plus-value, pièces justificatives à l’appui.
Après la vente, le fisc peut revenir vers vous durant trois ans pour contrôler la validité des déductions. Il peut exiger la présentation des factures, vérifier l’origine des travaux, la réalité des paiements ou s’assurer qu’aucune dépense n’a déjà servi à diminuer un autre impôt. Seuls les frais n’ayant pas déjà été utilisés dans une déclaration antérieure seront acceptés.
Pour ne rien laisser au hasard, trois points de vigilance s’imposent :
- Factures originales et contrats : indispensables pour justifier les travaux.
- Conservation des justificatifs : à prévoir au moins trois ans après la vente.
- Contrôle minutieux du notaire lors du calcul de la plus-value.
Impact fiscal : comment ces frais influencent le montant de votre imposition
Tout l’enjeu des frais déductibles réside dans leur capacité à réduire la base imposable. Plus le prix d’acquisition est augmenté de frais reconnus, plus la plus-value imposable diminue. Chaque détail compte : les frais d’acquisition (honoraires de notaire, droits d’enregistrement, frais d’agence) s’ajoutent au prix d’achat, qu’ils soient justifiés ou retenus au forfait de 7,5 %. Les travaux de construction, reconstruction, agrandissement ou amélioration, s’ils remplissent les conditions, viennent eux aussi majorer le prix d’acquisition, ou bien, passé cinq ans de détention, via un forfait de 15 %.
La base recalculée détermine la plus-value brute : la différence entre le prix de vente et ce prix d’acquisition, augmenté des frais retenus. Ensuite, des abattements pour durée de détention viennent progressivement réduire cette plus-value. Dès la sixième année, un abattement s’applique chaque année supplémentaire, jusqu’à effacement total de l’impôt sur le revenu après 22 ans, et des prélèvements sociaux après 30 ans.
Quand le bien provient d’une donation ou succession, la valeur prise en compte pour les droits de mutation devient aussi celle du prix d’acquisition. Un changement qui rebat les cartes pour une future vente, et peut modifier la stratégie fiscale à adopter. Selon la provenance du bien, la nature des frais et la durée de détention, la note finale peut varier du simple au double.
À chaque vente, la mécanique se remet en marche et la vigilance s’impose. Les déductions ne sont jamais automatiques, mais dans certains cas, elles peuvent faire toute la différence entre une plus-value taxée et une exonération totale. Voilà de quoi réfléchir avant de signer la prochaine cession.

